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La hiérarchie ?

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souris65
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La hiérarchie ?

Message par souris65 »

Vaste sujet par les temps qui courent, surtout la situant dans une relation inter spécifique !


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Nous voyons aujourd’hui poindre de nouvelles théories à son propos (cf. plusieurs sites internet). Des théories qui dans leurs présentations avancent systématiquement une chose et son contraire : la hiérarchie de l’homme à l’animal n’existe pas. Elle est niée, précisant qu’il faut jeter aux oubliettes une philosophie qui pourtant a fait ses preuves depuis tout de même quelques décennies.

Paradoxe, car elles précisent ce négationnisme à la force d’une vérité qui n’est finalement qu’elle-même : ça n’existe pas… et paradoxe parce que selon la même diatribe doctement soutenue, il est affirmé que l’homme maîtrise les ressources du chien captif, doit se faire respecter par cet animal qui, si cela ne se produit pas, se charge alors de le faire !

Nous sommes tout à fait disposés à développer nos connaissances, nos réflexions. Encore faut-il que les nouvelles considérations reposent sur des faits scientifiquement étayés et non pas sur des allégations en contradiction avec elles-mêmes.

Ouverts à toute évolution, nous considérons aujourd’hui que, compte tenu de la maigreur, voire de l’insignifiance de l’argumentaire tenu, le concept de hiérarchie entre l’homme et le chien est toujours valide. Pour nous prouver le contraire il ne suffit pas d’avancer les noms de telles ou telles personnes. Ces considérations doivent être étayées par des réflexions scientifiques d’où se trouvent exclue toute variable anthropomorphique, ce qui ne nous semble pas être un cas d’espèce. Ces relevés scientifiques reposent sur des observations expérimentales répétées, vérifiées, contrôlées sur un échantillon statistique représentatif des personnes concernées sans que d’autres variables tel un anthropocentrisme qui se voudrait scientifique n’y ait place.

Nous référant à des personnalités scientifiques (éthologues, psychologues, psychiatres, philosophes, vétérinaires) et présentant cette nouvelle carte du monde, tous réfutent par leurs écrits ou leurs propos ce négationnisme.

La hiérarchie rapprochée de concepts tels : despotisme, violence, agression, irrespect, brutalité, barbarie, bestialité, brusquerie, cruauté, inhumanité, sauvagerie, agressivité voire peut être même agression, domination, soumission, autoritarisme, etc., dénote d’une singulière considération de la hiérarchie. Singulière et inexacte, ou alors qu’elles sont donc les perceptions des défenseurs de cette théorie pour en arriver à de tels rapprochements ? Nous ne sommes ni dans un extrémisme ni dans un monde où de telles juxtapositions conduiraient à une véritable sclérose relationnelle, cognitive, émotionnelle, comportementale. Nous ne sommes pas non plus dans un angélisme où tout ne serait que « douce tendresse ». Il y a peut être un juste milieu.

La hiérarchie est d’abord et avant tout une référence sociale fondatrice de tous les systèmes organisés, quel qu’ils soient ! Elle caractérise tout lien, tout attachement, toute relation entre au moins 2 entités partageant ne serait-ce qu’un territoire, fussent-elles spécifiquement différentes !

Dominique Lestel – philosophe et éthologue - (Les origines animales de la culture Flammarion - 2003) reprenant T. von Uexküll rapporte en page 241 : « Chaque animal est en contact avec son environnement par l’intermédiaire de ce que von Uexküll appelle un monde vécu qui dépend des actions de l’animal et des perceptions qui leurs sont liées. Comme l’écrit von Uexküll, chaque animal peut être considéré comme étant enfermé dans une bulle translucide qui circonscrit un espace visuel. Est-il besoin d’ajouter que l’homme est un animal qui ne fait pas exception ? Son milieu est plus complexe; mais les rapports du sujet et de l’objet sont toujours régis par le même principe ».
D. Lestel précise ensuite, toujours en référence au même chercheur : « l’animal n’est pas une machine, son « monde vécu » devient accessible. Dès lors, l’animal est un sujet qui est compréhensible à l’homme, parce que l’élaboration de son monde intérieur est relationnelle et qu’il s’appuie sur des sens que l’on peut concevoir à l’extérieur il devient difficile de voir ces animaux comme des choses et il vaut mieux se les représenter comme des sujets dont l’activité s’organise dans l’action et la perception ».

Ces propos relèveraient-ils de la déraison ? Ne soulignent-ils pas la spécificité de chaque espèce, y compris l’homme, vivant dans un monde limité à ce qu’il est et pour autant interactif à partir des représentations de chaque univers ? Le chien serait-il différent de cela ? Etablirait-il alors une relation à l’homme dépouillée de ses concepts d’espèce ? Hiérarchie, etc. La conduite d’un chien se déterminerait-elle par pur réflexe, tel un arthropode ? Le fait de vivre en compagnie de l’homme annihilerait-il les compétences intrinsèques du chien ?
Comment évoquer une relation en dehors de ces propos ? Tout rapport implique une hiérarchie, fonctionnelle, de savoir, de maîtrise d’un processus, d’attentes conscientes et inconscientes, d’influences voire de séduction, d’un accès aux ressources. Comment peut-on nier ces évidences ?

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La hiérarchie, bien établie, est symbole de respect des sujets la composant, qu’ils soient dans une relation intra ou inter spécifique ! Elle est au cœur de la relation homme – chien et est l’illustration d’une cohérence relationnelle établit par l’homme connaissant et respectueux de l’ensemble des besoins de cet animal. Nous ajouterons qu’une hiérarchie en place est une hiérarchie vécue qui ne fait appel à aucune punition. Elle est réelle lorsqu’elle n’a pas besoin de s’exprimer (ce qui ne signifie pas qu’elle n’existe pas !) et se vit dans un équilibre où chacun a sa place déterminant une inhibition réciproque de l’agressivité et de son pendant l’agression ou la sanction. Elle se vit dans un rapport d’être et non pas de vouloir qui lui détermine rapport de force et coercition intra comme inter spécifique.

Dans ce mode de vie en commun, il en est un qui dépend d’autres et cette dépendance induit un processus hiérarchisé, qu’on le veuille ou non. Affirmé que le chien, dit maintenant familier – une nouvelle espèce sans doute -, ne figurerait pas, ou plus, dans ce système relationnel induit purement et simplement un déni de l’espèce canine. Le chien est relationnel dans son espèce, ne le serait-il plus dès lors qu’il se trouve avec l’homme ? Cette notion de « captif » n’induit-elle pas à elle seule un rapport hiérarchique ?

Par ailleurs, comment oser se référer à une « psychologie systémique » en soutenant une telle thèse alors qu’elle retient en tout premier lieu la notion d’influences réciproques, d’adaptation et d’utilité des comportements, de dépendance du sujet à son milieu et son environnement ? Quelle est donc sa place, son utilité, son sens ? Serait-elle aussi expurgée de sa teneur ?

Nous en sommes au blasphème.

Et puis le chien ce serait convenir d’un négationnisme ahurissant au regard de son éthologie. Retenons qu’il est bien souligné que « si l’homme ne prend pas le pouvoir, c’est l’animal qui le fait » !

Nous ne définissons pas la hiérarchie comme un rapport de force, comme le développement d’une relation au caractère coercitif. Il n’a jamais été question non plus de considérer que s’adapter aux critères sociaux des chiens soit de nature anthropomorphique, le concept même de hiérarchie les architecturant. L’anthropomorphisme serait de définir une nouvelle relation occultant, au regard de principes anthropocentrés, les fondamentaux sociaux de l’espèce observée.

C’est ce que nous dit K. Lorenz qui dans un de ces ouvrages souligne que pour observer et analyser une situation il faut avoir les yeux ouverts, en référence à l’observation behaviouriste de nombreux chercheurs considérant le comportement comme entité seulement mesurable dénuée de toute considération environnementale et par la même adaptative !

A ce sujet, le behaviourisme, D. Lestel, dans son ouvrage précité (page 9) rapporte que « … en particulier en éthologie, où plus de 90 % des praticiens restent convaincus de la justesse de la thèse de l’animal-machine ». Ne serions-nous pas dans ce genre de déterminisme et de détermination avec cette théorie d’un nouveau monde relationnel de, et à l’homme ?

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Il s’agit de respecter nos animaux dans leur mode de vie, selon leur nature, leur singularité, de nous adapter à leur monde selon ce qu’ils sont et ce que chacun est. Nous ne sommes pas des chiens et il est peu probable qu’un chien nous évalue comme chien (nous en aurons la conviction absolue quand ils nous l’auront dit). Il reste que nos comportements, l’organisation de vie que nous imposons à nos animaux, et encore une fois adaptée à leur réalité, fait que ce lien hiérarchique est indubitable.

Nous nous contentons d’observer, de constater objectivement leurs comportements et l’évolution adaptative de ceux-ci et refusons toute théorie dont les arguments nous paraissent ne reposant pas sur une démarche scientifique, au vrai sens du terme, et voire même infondés.

Et puis, comment se fait-il que des milliers d’entretiens aient été couronnés de succès et le sont toujours pour ceux en cours et nous ne sommes pas les seuls quoique nous appuyant sur la reconnaissance de ce modèle social ?

Il ne suffit pas d’affirmer que la hiérarchie n’existe pas. Qu’y a-t-il d’autre à la place, ou pour le moins quelles explications scientifiquement tangibles se dégagent de ces étonnantes perspectives ?

Thierry Dupuis - Comportementaliste Animalier Certifié - Octobre 2008

http://www.entre-chien-et-nous.fr
http://www.lechienetlafamille.com/
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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