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La promenade en liberté : vous y êtes-vous préparé ?

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souris65
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La promenade en liberté : vous y êtes-vous préparé ?

Message par souris65 »

Avoir un chien pour compagnon, c’est l’obligation de le sortir pour ses besoins naturels et sa bonne santé, au minimum 3 fois par jour s’il vit en appartement. Même s’il dispose d’un jardin, le chien aura besoin de se promener au moins 1 fois quotidiennement, pour maintenir sa forme physique et son équilibre. C’est au cours de ces balades que des difficultés peuvent surgir dans les diverses rencontres faites en environnement urbain ou de nature.
Se promener avec son chien n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire et le propriétaire et son animal ont de fait à se préparer, pour que ces sorties indispensables soient un moment plaisant.

Pour tout acquéreur d’un chien, il faut savoir que cet animal doit être familiarisé très précocement et graduellement à tout ce qu’il pourra rencontrer dans son environnement, et qu’il faudra apprendre à le contrôler en toutes circonstances.
Si ces 2 conditions ne sont pas respectées, les promenades pourront devenir ce moment si redouté par de nombreux maîtres de chiens dits peu sociables, distants voire menaçants avec leurs congénères, les êtres humains, ou avec les deux à la fois !

Dès son plus jeune âge, de multiples facteurs peuvent retentir de façon défavorable sur l’équilibre psychique et comportemental d’un chien, pouvant l’amener à des peurs et des conduites agressives en extérieur et transformer les balades en cauchemar.

Quelques exemples :
• Tempo le Jack Russel n’est pas resté avec sa mère et sa fratrie pendant 8 semaines (strict minimum pour le bon développement d’un chiot). De ce fait mal socialisé à sa propre espèce, il redoute ses congénères et cherche plutôt à les fuir. Mais lorsqu'il est maintenu en laisse sur les trottoirs, terrifié, il les agresse bruyamment dès qu’il en aperçoit qui cheminent non loin.
• Ulma la Cane Corso, n’a connu que des chiens dans son chenil d’un élevage isolé, où seul l’éleveur distribuait la nourriture sans véritables interactions. Très attachée à ses nouveaux maîtres, elle est folle de joie aujourd’hui quand elle aperçoit un congénère, mais croiser tout humain petit ou grand en promenade la met dans le plus grand désarroi, jusqu’à vouloir se jeter sur les enfants qui veulent la caresser. Elle tente de freiner leurs approches en les menaçant avec grondements sauts et aboiements.
• Spot le Dobermann, n’est pas sorti souvent de son jardin. En conséquence il n’est pas très à l’aise par manque de familiarisation avec tout son environnement. Quand ses maîtres le lâchent, il court après tous les joggers, cyclistes et enfants qui se poursuivent en jouant.
• Vinyl la jeune labrador, sympathise avec tous les labradors de couleur noire, car elle n’a connu que cette variante parmi ses congénères, au sein de l’élevage où elle est née et restée jusque l’âge de 6 mois. Toute autre race de chien de couleur ou taille différente, l’inquiète au point de générer de violentes attaques de sa part.
• Les difficultés de Rustine la Boxer ne sont pas les mêmes. Ses maîtres ont perdu leur précédent compagnon dans une bagarre qui a mal tourné avec des chiens rencontrés en promenade. Ils sont maintenant très crispés dans leurs balades, guettent anxieusement toute approche du moindre canidé, et malgré eux, communiquent leur appréhension à Rustine. A la moindre tension de sa laisse, avertie que quelque chose de suspect se profile, la chienne réagit fortement et se montre de plus en plus inquiète. Au fil des sorties et par peur à son tour, elle est devenue menaçante elle aussi.

Prévoir une vie et des balades paisibles avec un chien :
• Éviter l’achat d’un chiot dans un élevage où l’isolement en chenil ou en boxe ne le prépare pas à être bien sociable avec ses congénères ni avec les humains. (En ajoutant que l'achat de chiot en animalerie, ne donne aucune indication vérifiable des bonnes conditions d'élevage). Tout ce qui est nouveau fait peur, et si des chiots n’ont pas été suffisamment familiarisés très tôt aux « 2 ou aux 4 pattes », il est courant qu’ils les craignent à l’âge adulte (ex :Vinyl ou Ulma)
• S’informer du possible retrait prématuré des chiots d’une portée. La mère n’a alors pas le temps d’initier toute la fratrie aux codes sociaux (de salutation, dominance, soumission) qui régissent les échanges entre chiens (ex : Tempo qui n’a pas pu profiter de ces acquis)
• Poursuivre la socialisation du chiot (entamée à l’élevage) et cela dès son acquisition, avec des sorties ludiques (même avant ses derniers vaccins) en zone urbaine ou de nature pour des rencontres multiples et variées (ce dont Spot n’a pas profité)
• Éviter les expériences traumatisantes d’un chiot en promenade, de sa 7è à sa 14è semaine (et même au-delà pour certaines races à la maturité tardive)
• Prendre l’aide d’un comportementaliste si l’on a vécu soi-même une expérience traumatisante avec un précédent chien (ex : les maîtres de Rustine). On néglige trop souvent l’impact de l’état émotionnel du maître sur son chien, véritable éponge affective qui perçoit finement les émotions de l’humain
• Ne pas méconnaître et négliger le pouvoir tranquillisant d’une relation clairement organisée autour de règles de vie non changeantes, au gré des humeurs et des emplois du temps. Un maître leader dans sa relation au quotidien est rassurant pour son chien.

Les rencontres faciles entre congénères

Les meilleures rencontres entre chiens, se font quand ils sont tous lâchés. Échanges de regards, flairages, frôlements, battements de queue, hérissement du poil et positionnement des oreilles permettent à chacun d’évaluer l’autre et ses intentions.
Vont-ils jouer ensemble ou passer leur chemin ? En tout cas leur approche naturelle et sans entrave est aisée.
En ville comme nous devons tenir nos compagnons en laisse, leurs rencontres ne sont pas facilitées.
Tiré et tenu souvent fermement par un maître un peu inquiet et malhabile, l’animal peut se sentir vulnérable et grogner ou aboyer, surtout et avant tout par peur. Il veut freiner toute approche à laquelle il ne se sent pas capable de faire face, parce qu’il est attaché.
Quand il est libre de toute entrave (c.à.d. sans laisse) un chien dispose de moyens naturels qu’il peut utiliser pour parer toute éventualité dans ses rencontres.
Ces moyens sont :
• l’immobilisation, le temps de jauger et de s’ajuster au type d’approche, amicale ou offensive de l’autre
• la fuite, s’il lui semble que l’autre a des intentions plutôt belliqueuses et qu’il ne tient pas à l’affronter
• ou l’attaque, s’il se sent au contraire tout a fait prêt à s’imposer et se croit en mesure d’avoir le dessus sur l’autre individu
Aucun de ces moyens n’est accessible à un chien en laisse et on comprend mieux ainsi son possible inconfort (et donc ses menaces) quand il voit venir vers lui un congénère en liberté !
Le chien « libre » peut décider d’attaquer ce chien qui lui ne pourra pas se défendre. Mais il peut aussi être « intimidé » par les menaces de « l’entravé » et faire un détour ou bien être assez décontracté et l’ignorer.
Rattacher son compagnon quand on croise des chiens en laisse ou à l’inverse le lâcher si d’autres sont libres, peut donc souvent faciliter bien des rencontres. (Il est bien entendu que l’on ne pourra laisser des chiens s’ébattre en liberté, que si les maîtres ont développé un excellent contrôle sur leur compagnon respectif)

Pour commencer
C’est d’abord une bonne qualité de socialisation des chiots à l’élevage, qui favorise leur épanouissement optimal à la fois physiquement, psychiquement et socialement, et les prépare à être confiant et ouvert à des rencontres aisées avec des congénères et des humains, qui a priori ne seront pas à redouter.
Les meilleures conditions d’élevage façonnent des chiots faciles à éduquer, mais le plus gros du travail reste à la charge des acquéreurs, pour en faire des chiens bien intégrés dans la société.

Dès l’acquisition du chiot, des sorties variées effectuées précocement, avec rencontres et contacts de chiots et de chiens aux morphologies diverses, garantiront pour plus tard un chien sociable avec ses congénères en balade.
Il est préférable de procéder à ces premières rencontres dans un environnement calme et propice aux jeux, chez soi ou hors de la ville et son tumulte.
Pour les premières sorties « besoins » s’il l’on habite en ville, on choisira les larges trottoirs de rues où la circulation automobile n’est pas trop intense. Une immersion trop brutale dans les bruits et l’agitation d’un centre ville bondé, ne ferait que rendre le chiot craintif et réticent ensuite à y circuler. Si l’on habite à la campagne, lui faire découvrir très tôt la ville garantira de pouvoir plus tard l’emmener partout en vacances.
Toutes les confrontations précoces et progressives avec le tumulte urbain ou la campagne et la forêt, les rencontres de congénères en laisse ou non, d’humains petits et grands à pied, à vélo ou en rollers, familiarisent le chiot à toutes ces situations singulières, qui petit à petit deviendront très ordinaires. Encore faut-il lui faire faire toute nouvelle rencontre de manière ludique et positive, car ce qui est vécu très tôt comme néfaste laisse des traces parfois toute la vie.

Avoir le contrôle
Pour tout acquéreur d’un chien, tout doit et peut s’apprendre et même de sortir en promenade avec son compagnon à 4 pattes !
Savoir faire marcher son chien en laisse calmement, le faire revenir au rappel une fois lâché, faire en sorte qu’il reste attentif aux ordres malgré la présence d’autres chiens, nécessite parfois de faire appel à un professionnel.
Un dresseur ou un éducateur canin comme on voudra l’appeler, peut proposer aux personnes inexpérimentées de connaître les bons gestes ainsi que les maladresses à ne pas commettre, pour obtenir le bon contrôle de l’animal en extérieur.
L’exercice du rappel est le conditionnement le plus important à mettre en place dès le plus jeune âge du chien. C’est un dressage souvent assez difficile à réaliser avec patience et longueur de temps (c’est ainsi que l’on ne lâche un chiot ou un jeune chien que dans des endroits sécurisés, tant que le rappel n’est pas parfait) dressage qu’il faudra poursuivre et renforcer toute la vie de l’animal, pour sa sécurité et celle de tous.

Attention cependant à ne prétendre faire marcher sans tirer, ou contrôler de loin et faire revenir au rappel à l’extérieur, un chien qui n’en fait qu’à sa tête à la maison ! Les meilleurs résultats d’obéissance en séances d’éducation canine, sont obtenus si le chien est bien encadré dans sa relation au sein de sa famille, et n’a pas de problème de comportement. Préalablement au dressage et pour son optimisation, le comportementaliste peut aider à la bonne organisation des rapports au quotidien avec le chien.
Les déplacements rapides de joggers, cyclistes, rollers ou d’un simple landau poussé par une maman peuvent déclencher l’instinct de prédation* d’un jeune chien, et c’est alors s’il est lâché, la course poursuite de ce qui figure une « proie ».
Les cris d’enfants en promenade qui jouent et qui courent peuvent aussi pousser le chien à vouloir participer ou « mettre bon ordre » dans ce chahut !
C’est à tous ces moments que l’on mesure la nécessité de développer une grande vigilance et d’avoir appris à bien canaliser et réguler les comportements de son chien.
Ayant pourtant été bien sociabilisé aux humains, un chien peut se montrer menaçant avec les passants quand on se promène en famille. Il semble sans peur vouloir « protéger les siens » et empêcher qui que ce soit de les approcher. Gérer les rencontres est à la charge de ses maîtres, et si c’est le chien qui se croit investi de ce devoir, c’est qu’il n’est pas clairement à sa place dans sa relation avec ses propriétaires. C’est une réorganisation du système relationnel qui s’impose alors avec le comportementaliste.
* Instinct de chasse

Conclusion
Pour avoir un chien, il faut le sens des responsabilités, et l’on s’en aperçoit surtout au moment des sorties. Rien n’est acquis d’avance, tout se prévoit, se prépare et s’apprend. Les propriétaires de chien sont-ils tous prêts à ce que soit possible la bonne intégration de leur animal dans leur famille et la société ou veulent-ils laisser le hasard décider ?


D.Mirat/L.Bruder Sergent : publication magazine Santé pratique animaux de septembre 2005
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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