Pour vous inscrire sur le forum, tout est expliqué ici
Après la création de votre compte, sans présentation au bout d'une semaine, Votre compte sera supprimé.

La coprophagie : le chien qui mange ses crottes

Verrouillé
Avatar du membre
souris65
Messages : 3801
Enregistré le : jeu. 17 janv. 2008 00:00
Humeur : Un peu speed comme les Dalmatiens
Prénom : Sabine
Fonction dans l'asso : Assistante en éthologie et Comportement Canin, Félin, Equin
Localisation : Montmirail (51)

La coprophagie : le chien qui mange ses crottes

Message par souris65 »

La coprophagie, un problème surtout pour le maître,
avec des causes médicales ou comportementales...


LA COPROPHAGIE CHEZ LE CHIEN
Le chien qui mange des crottes, un problème surtout pour le maître, avec des causes médicales ou comportementales.

Définition
Ingestion (phagie) des matières fécales (copro), les siennes ou celles de ses congénères. On peut dire également « scatophagie ». Le risque, c’est la transmission de parasites par léchage, sinon si pour le maître c’est très désagréable, pour le chien cela ne l’est pas !

Coprophagie naturelle :
Chez certaines espèces comme les rongeurs et les lapins (animal coecotrophe), c’est une obligation pour récupérer des nutriments importants (vitamines du groupe B) qui ne sont pas absorbés par le tube digestif lors du premier passage.
On doit différencier l’animal qui mange ses propres crottes, celui qui mange celles de ses congénères et celui qui mange celles des autres espèces.

Les canidés sont préparés génétiquement,
L’ingestion peut être normale dans certains cas
- La mère pour garder le nid propre
- Le chiot pour reconnaître l’environnement et pour faire sa flore intestinale, jusqu’à l’âge de 6 mois environ. Si chez le chien adulte l’acidité gastrique peut détruire les bactéries nocives, chez le chiot et le chien âgé le risque existe. La coprophagie semble toucher plus particulièrement les sujets d’un âge moyen de 2 ans (tout comme les troubles du comportement qui y sont souvent associés).
- Il peut également avaler les crottes de mouton, vaches, lapins, cheval comme complément nutritif (ce que fait son ancêtre le loup, qui par contre, ne mange ses crottes qu’en milieu confiné comme le zoo) ou par trouble alimentaire (Pica).
Certaines races sont plus sujettes à la coprophagie, comme les chiens nordiques, par déficits en amylases qui permet la digestion de l’amidon.
Un chien adulte normal n’est pas attiré par les excréments des autres chiens, sauf pour y lire le message olfactif des phéromones qui lui permet de découvrir la carte d’identité du congénère (sexe, statut hiérarchique, etc.). Il évitera, par exemple, de se coucher à un endroit où il y a une crotte.

Les causes favorisantes

Par imitation :
Chiens en chenils ou chenils mal nettoyés : imitent les congénères, ou concurrence alimentaire (la vitesse d’ingestion donne une mauvaise assimilation).

Mauvais apprentissage de la propreté chez le chiot.
Imitation de la mère ou d’un autre chien coprophage à l’élevage, éleveur qui ne veille pas à la propreté et qui ne sort pas les chiots régulièrement. Séparation précoce de la mère. C’est lors de la socialisation primaire qu’il apprend les contrôles comme celui de la morsure ou de ses sphincters, en même temps qu’il trouve un équilibre avec le milieu sans en avoir peur (homéostasie sensorielle).
A 3 mois il peut se retenir 4 heures, à 4 mois 5 heures…Surtout ne pas laisser les crottes lorsqu’il est seul, même si c’est naturel qu’il mange des crottes, cela peut devenir une mauvaise habitude.
Surveiller : il tourne en rond, il flaire, il gémit, il s’accroupit. Je le sors immédiatement et je le félicite lorsqu’il fait.
Le sortir : au réveil, après le repas (réflexe gastrocolique), après une activité comme le jeu, avant le coucher.
Donner des repas à heures fixes.

Parasitisme intestinal :
S’il n’est pas vermifugé régulièrement, une mauvaise digestion entraîne une mauvaise absorption des glucides, lipides, protéines. Les parasites responsables : helminthes et protozoaires. Les pertes sanguines contenues dans les selles, dues à l’atteinte des muqueuses, attirent les chiens.
Attention à l’hygiène dans les chenils : locaux, matériel, conservation des aliments.
Faire une coproscopie pour les identifier et cibler le traitement par vermifuge : ankylostomes, trichures, ascarides, Giardia.
Dans les selles on trouve normalement : eau, azote, ammoniac, urée, cellules intestinales, poils, minéraux, glucides.

Contamination
En ingérant des crottes anciennes, par exemple lors de promenades, il y a un risque de contamination virale, d’intoxication par des bactéries, des champignons…

Déséquilibre alimentaire :
-Défaut d’apport : ration insuffisante, changement de nourriture, manque de lipides ou de protéines
-Défaut d’absorption : fibres, matières grasses, amidon
-Défaut d’utilisation
- déficit en vitamine B1 : trop de protéines ou de glucides. Donne amaigrissement et retard de croissance et troubles nerveux = Levure de bière
- déficit en minéraux et oligo-éléments : léchage des murs, ingestion de cailloux, de terre. d’herbe C’est le « Pica » imputable souvent à une gastrite chronique. (Irritation de l’estomac, fermentation microbienne) avec prédisposition à la torsion d’estomac.
- Excès de glucides : ration avec trop d’amidon ou céréales (pain, pâtes, pomme de terre) = ajouter des protéines (croissance, lactation, travail)
- Manque de digestibilité : aliments de mauvaise qualité (trop de collagène, mauvaises cuissons, plumes, tendons, etc.). Donne des crottes putrides qui attirent les chiens.
- déficits enzymatiques : insuffisance pancréatique, hépatique, biliaire. Donne des selles avec des éléments non digérés, jaunes, huileuses. On trouve un amaigrissement et un poil terne. Traitement aux enzymes pancréatiques qui fait cesser la plupart du temps la coprophagie.
- Additifs industriels : mal digérés
Normalement avec une alimentation correcte en produit sec, pour 100g ingérés on trouve 40 g environ de selles.

Comment corriger ?
Le vétérinaire
On commence par la visite vétérinaire pour identifier l’origine du problème : Type d’alimentation, déséquilibre alimentaire, déficit enzymatique, parasitose... Si on prend l’exemple de l’insuffisance pancréatique (chiens nordiques, Bergers Allemands), elle peut être congénitale ou acquise, suite à une pancréatite. On trouve une intolérance au gluten chez le Setter irlandais.
Le traitement est adapté au niveau diététique ou médical, avec, un complément alimentaire, le changement de nourriture, la prise de médicaments ou de vermifuges, etc.

Le comportement
Après les examens, s’il ne s’agit pas d’un problème médical on peut évoquer un problème comportemental.

Attention, il est possible que la coprophagie ne concerne que les crottes d’un seul individu (consommées par tous les chiens du chenil), par exemple si celui-ci a une insuffisance du pancréas.

Rechercher la cause
On questionne le maître sur les circonstances des repas (heure, lieu, présence d’autres chiens, façon de manger) ou sur les éventuelles modifications du milieu (arrivée d’un bébé ou d’un autre chien, changement de résidence, divorce, etc. Remplir la « Fiche d’évaluation comportementale J. Ortéga », avec les maîtres. On pourra faire émerger une cause probable : troubles anxieux, trouble du développement (Hypersensibilité-hyperactivité), maître trop rigide ou trop laxiste, ennui, frustration, stress...
En général, le fait de manger les crottes est associé avec des stéréotypies (mouvements répétitifs), des activités de substitution (comportement qui n’a pas lieu d’apparaître), automutilations, aboiements.

En cas de coprophagie par imitation (effet de meute), on doit rapidement isoler l’individu qui en est sujet.

En cas de stress, ennui, anxiété ou de concurrence alimentaire, il suffit de modifier le milieu ou de séparer certains individus.

On peut avoir recours au DAP (Phéromones d’apaisement), fleurs du Dr Bach, homéopathie, pour calmer une angoisse.

En cas de surconsommation (manger vite et beaucoup, par stress hiérarchique ou situationnel), l’accélération du transit donne des selles avec des nutriments non digérés, donc appétantes. Modifier la situation, répartir la ration en plusieurs prises, mettre une grosse pierre dans la gamelle, déposer les croquettes au sol, pour ralentir l’ingestion, selon le cas. Attention, surtout pas de nourriture à volonté !

Choisir un produit alimentaire de qualité, très digeste, riche en fibres. On tente cde diminuer la palatabilité (attirance) des selles. Eviter les restes de table et les friandises avec beaucoup d’hydrates de carbone.
Les produits industriels secs sont préférables à ceux humides ou semi-humides. Donner des rations légères en deux ou trois fois.
Un aliment à haute teneur en fibres donne des selles très sèches.
Les rations avec beaucoup de protéines et graisses semblent ne pas convenir, choisir des aliments allégés (selles moins attirantes).
Certains produits peuvent diminuer l’attrait des selles : For-bid® (poudre de gluten de blé et glutamate de sodium), Deter® (protéines végétales, vitamines B1 et extraits de piments), Copronat (spray à base de Yucca, à pulvériser sur les crottes).
Attention à l’excès de glucides qui donne de l’amidon dans les selles (très appétant pour un chien).

Surveillance : on retire immédiatement la crotte dés quelle est émise.

En promenade, on met une laisse ou une longe de 10 m pour pouvoir le contrôler.

Pénaliser le mauvais comportement par un stimulus aversif : collier à air avec déclencheur à distance, pistolet à eau ou jet de graviers. La punition doit être systématique (à chaque fois qu’il le fait), sinon on aura du mal à corriger. Dans mon expérience de formation des chiens-guides d’aveugle, c’est la hantise des éducateurs, car comme le maître ne peut voir ce que son chien fait…

Rendre la crotte désagréable : ammoniaque, poivre, Tabasco, piment, moutarde…
Saupoudrer avec un produit attendrisseur de viande Adolph’s (sel, sucre, amidon, extrait de papaye).
Pratiquer l’aversion gustative, un mécanisme naturel qui permet aux animaux de sélectionner leur nourriture de manière instinctive, en mettant un vomitif puissant (ipéca, apomorphine, eau oxygénée, sel, chlorure de lithium) dans la crotte afin qu’il soit malade et associe son comportement à du désagréable.
Ajouter de la levure de bière (Vitamines B), de l’ail, des graines de citrouille, des pastilles de charbon ou de l’ananas frais dans l’alimentation afin que les selles deviennent désagréables.

Donner un yaourt tous les deux jours.

Homéopathie : vaporisateur avec Calcarea carbonica, Sulfur iodatum, Sulfur.

Faire sortir l’énergie : plus de promenades et de jeux en milieu inconnu, donner des jouets à mâcher à la maison ou un Kong, des jouets distributeurs de croquette si on les manipule (tics du cheval en box).

Ne pas nettoyer devant lui, pour certains chiens c’est le moyen de requérir l’attention.

Ignorer la coprophagie si elle a lieu devant nous et ne pas le punir physiquement sur le fait (la punition doit être indirecte, l’homme n’est pas associé à celle-ci). Sinon on renforce le mauvais comportement, il préfère être battu qu’ignoré. Dans tous les cas on ne punit pas non plus a posteriori, lorsqu’on s’aperçoit de ce qu’il a fait.
Certains auteurs évoquent le fait que le chien avale ses déjections pour éviter d’être puni, c’est là une vision purement anthropomorphique, par contre il est vrai que s’il est puni lorsqu’il le fait en présence du maître, il attendra que celui-ci ne soit plus présent (une question d’association « agréable-désagréable »).

Féliciter et récompenser s’il a ignoré ses selles, même pendant un court instant (surveillance vidéo).

Si on le surprend, on peut dévier l’attention dés qu’il commence : sortie, balle, jouet, friandise.

La muselière peut être radicale, avec l’inconvénient de rester sale, s’il tente à nouveau.

Education de contrôle : il est toujours recommandé de donner une éducation de base en obéissance au chien, cela permet de le contrôler mais surtout de lui donner des repères en partageant des exercices avec son maître (Méthode Naturelle).

Joseph Ortéga - avril 2009
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
Verrouillé

Retourner vers « Mauvais comportements »