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Molosse et enfant dans la famille…

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souris65
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Molosse et enfant dans la famille…

Message par souris65 »

Texte publié dans le magazine "Molosses news" n°30 de Février/ Mars 2004.
Molosse et enfant dans la famille… Est-ce une relation à risque ?

(Toutes les infos et les conseils donnés dans cet article sont valables pour la relation d'un enfant avec un chien de plus petite taille)

Les enfants étant souvent demandeurs d’un chien à la maison, se pose la question de savoir si la présence d’un animal et d’un chien en particulier, est utile et bénéfique au développement d’un enfant ?
Le choix d’un molosse n’est-il pas plus risqué que celui d’un autre chien ?
Comment organiser une cohabitation harmonieuse pour minimiser les risques de morsure qui peuvent être graves, vu le potentiel énorme des mâchoires d’un chien de race molossoïde
Une cohabitation chien/enfant n’est jamais sans risque.
Alors décider de faire cohabiter un ou plusieurs enfants avec un molosse ne peut pas se faire dans l’approximation, la hâte d’un coup de tête ou d’un coup de cœur pour un « gros nounours » vu dans une vitrine !
L’achat responsable commence en portant son choix sur un chiot correctement sociabilisé dans ses premières semaines de vie.
Pour cela un éleveur sérieux veille (durant la période dite sensible) aux contacts multiples de ses chiots avec des humains de tous genres, adultes, ados, enfants en bas âge et bébés.
Cette familiarisation précoce prépare le petit animal à se montrer moins craintif à l’approche toujours un peu singulière et turbulente des enfants, limitant ainsi les risques de morsures par peur.
Certes, un chien n’est pas indispensable au bon développement d’un enfant, mais il contribue à son éveil et son épanouissement.

Jamais un chien ne trahit l’enfant qui lui confie sa peine ou ses peurs. Jamais il ne le juge, jamais il ne résiste à son appel au jeu, c’est ce qui en fait un si précieux compagnon.
Mais une telle complicité partagée se gagne, en aidant l’enfant à bâtir une relation basée sur le respect mutuel.


Et c’est pour prévenir tout accident que les parents ont à apprendre à l’Un, à comprendre l’Autre.

Pour « apprendre l’animal » à l’enfant et « apprendre l’enfant » à l’animal en toute sécurité, il faut d’abord commencer par s’informer soi-même, connaître très bien les conduites sociales canines et savoir comment positionner relationnellement le molosse dans la famille, pour qu’il soit sous l’autorité incontestée de ses maîtres.
L’idéal est de commencer l’éducation de l’un avant celle de l’autre.
Offrir par exemple un petit molosse à un très jeune enfant, relève du trop périlleux tour de force d’apprendre les bases de la vie sociale aux deux en même temps.
L’un et l’autre réclament chacun beaucoup trop d’attention et de disponibilité dans leur jeune âge, pour que cela puisse être mené de front confortablement.

Il vaut donc mieux avoir un chiot quand on a déjà pu bien initier l’enfant à la différence et au respect des animaux.

Mais l’idéal reste d’attendre bébé quand on a déjà bien installé une harmonieuse cohabitation avec son animal.
Comment un molosse auquel sont offerts au quotidien maints privilèges de la dominance, pourrait-il ne pas ressentir de frustration devant le nourrisson, qui pourrait alors être vécu comme un intrus.
Pour qu’un chien correctement positionné chez lui dans sa relation soit d’autant mieux capable de vivre l’arrivée d’un bébé, il faut d’abord veiller à ne pas changer ses habitudes et ne pas l’écarter de la relation parents/enfant.
Une diminution des attentions de ses maîtres peut déclencher chez le molosse un désordre émotionnel et comportemental, une phase dépressive parfois.
Pour son bon équilibre, il est bon de moins s’en occuper quand bébé dort, mais de donner les soins au bambin toujours en sa compagnie. Apprendre à l’animal la promenade en laisse près de la poussette et ne jamais les laisser seuls sans surveillance, en pensant que le chien va garder le petit !
Les avantages psychoaffectifs que l’on peut prévoir pour un enfant avec un chien à la maison, ne pourront cependant se déployer que si les parents sont conscients qu’ils ne devront jamais attendre de l’Un qu’il se charge de l’Autre.
Une mère débordée par un bébé difficile ne doit pas attendre que la simple présence d’un chien (ou d’un chiot !!) vienne réguler les humeurs et comportements du bambin.
A l’inverse, un couple trop pris professionnellement ne doit pas attendre de l’enfant qu’il s’occupe de l’éducation et des soins à donner à l’animal.
La présence de celui-ci engendre les contraintes journalières de le nourrir, le soigner, l’éduquer, le toiletter, le sortir plusieurs fois par jour, et ce jusqu’à la fin de sa vie.
Ces responsabilités incombent et ne restent toujours qu’à la charge des parents, même s’ils peuvent déléguer parfois quelques tâches à l’enfant (vérifiant que tout se passe dans le respect de l’animal).
Charge pour les parents, d’apprendre très tôt à l’enfant, qu’un chien molosse ou non, est un être vivant avec des besoins vitaux comme manger, boire et se reposer et qu’il ne doit absolument pas être dérangé à ces moments là.
Qu’il éprouve des émotions assez semblables aux nôtres comme la joie, la colère par exemple.
Qu’il peut être malade et souffrir tout comme nous.
Que si c’est un chiot, il doit faire l’apprentissage de la vie chez les humains avec la patience, la gentillesse mais aussi (et surtout avec un molosse) la fermeté de tous, et que les règles strictes de vie qu’imposent ses parents à l’animal, doivent être appliquées.
L’enfant doit cependant être initié à ce que son chien n’est pas absolument semblable à nous, et qu’il ne va pas réagir comme un être humain le ferait à sa place.
Son compagnon à 4 pattes est d’une autre espèce que la nôtre et les parents doivent aider l’enfant à connaître et respecter ses différences.



Ce que le chien peut représenter et apporter à l’enfant:

De moins de 3 ans
Pour le tout petit, l’animal représente un « objet transitionnel » un « nin-nin » sécurisant lorsque la mère se détourne ou s’éloigne un peu.
La chaude fourrure éveille l’enfant à la découverte de son propre corps dans la rencontre de celui de l’animal, par son toucher, son odeur.
À travers toute la gestuelle, les postures, mimiques, vocalisations qui sont moyen de communication de l’animal, le tout petit communique lui aussi avant la parole, par les canaux du paralangage.
A cet âge, encore moins qu’un autre, jamais le bébé ne doit être laissé seul et sans surveillance avec un molosse. Un chien est plutôt indulgent avec un petit qu’il assimile à un chiot, mais il a ses limites.
Le bambin peut s’agiter soudain, remuer bras et jambes avec brusquerie, se mettre à crier de plaisir comme de colère, agripper les poils du molosse qui s’approche ! Dès qu’il se mettra à se déplacer à 4 pattes, il peut même envahir les lieux de repos et gamelles du molosse... ! Qui pourrait en être légitimement irrité et y réagir peut-être avec une rudesse toute canine.
Bref, ces gesticulations et ces cris, au bout d’un moment possiblement mal vécus par l’animal, peuvent le pousser à vouloir les faire cesser comme il le ferait avec un chiot, c'est-à-dire en grondant ou aboyant sur le petit ou même en venant le « pincer » ! Si celui-ci ne cesse pas ses agitations.
C’est ainsi qu’un chien adulte procède avec un chiot trop turbulent. Après des grondements destinés à le faire se calmer, si l’agité ne se soumet pas rapidement, il se voit mordre par l’adulte qui retient juste ce qu’il faut l’intensité de sa morsure, jusqu’à ce que le chiot s’apaise.
On imagine ce qu’un comportement comme celui-là (normal, mais caninement parlant seulement !) peut avoir de conséquences sur la peau tendre d’un bébé, qui de plus, en pareilles circonstances, loin de « se soumettre et s’apaiser ! » (Comme le ferait un chiot) décuple ses cris et agitations, « forçant » en quelque sorte le chien à maintenir et renforcer sa morsure !!
Le molosse, selon certains et sous prétexte que ça n’est qu’un chien ! Doit savoir tout supporter des enfants.
C’est ne pas respecter l’animal d’une part, et surtout se décharger bien facilement du devoir de surveillance constant, que l’on doit normalement à son bambin. Un chien aussi gentil et patient soit-il, ne réagira toujours en toute circonstance que selon ses codes canins, et c’est aux parents d’avoir la sagesse de ne pas les ignorer.

De 3 ans et plus
A partir de cet âge le jeune enfant s’identifie à l’animal qui l’aide à se défaire progressivement de la relation fusionnelle avec sa mère, lui permettant de tisser d’autres liens.
Petit à petit l’animal devient ce confident qui ne trahit pas quand le bambin lui chuchote à l’oreille ses joies et ses déceptions, nouant avec lui une relation de confiance et de complicité.
Vraie leçon de biologie à lui seul, l’animal apprend aussi « les choses de la vie » à l’enfant ; celui-ci constate les besoins pulsionnels de son compagnon, assiste parfois à la naissance de petits (qu’il appelle des bébés), à leur éducation par leur mère, etc. Il pose alors nombre de questions et peut faire la comparaison avec lui-même.
Ils vont explorer le monde ensemble à travers des courses-poursuites et des jeux sans cesse inventés, un chien étant pour cela un partenaire toujours disponible.
Vers 3, 4 et 5 ans l’enfant entre très fort en contact corporel avec son chien, veut le prendre dans ses bras, le caresser, l’embrasser même si ça n’est pas du goût du molosse à cet instant, lui tirer les poils, le frapper avec un objet juste pour jouer !
Si les deux s’emballent et que monte la surexcitation, la disproportion des tailles et la force d’un molosse mettent l’enfant en danger. Les parents doivent alors faire cesser les jeux.
Attention aussi lors de réunions de petits camarades où les bagarres, les courses et les cris, peuvent déclencher chez le chien un comportement de poursuite comme après une proie.
Il faut apprendre au jeune enfant à respecter l’animal, compagnon de jeux avec ses limites à la tolérance, ni « cheval à bascule » ni souffre douleur.
Vers 6 ou 7 ans, on peut apprendre à l’enfant à décoder les signaux comportementaux du molosse comme la joie, l’excitation, à travers ses différentes postures de queue, oreilles…mais aussi à repérer son impatience, son irritation et ses menaces par ses mimiques faciales, et bien sûr apprendre à l’enfant à savoir y réagir sans courir ni crier.
Et si d’une manière générale et prudente, il sait qu’il ne doit pas poursuivre son chien sur son lieu de repos ni jouer avec son panier, ses jouets et sa gamelle, les risques d’accident sont déjà limités.

Au préadolescent
L’animal peut-être un médiateur relationnel pour l’aider à communiquer avec ses camarades, ses frères et sœurs ou ses parents s’il a des difficultés. L’animal sert de projection affective si ses relations avec ses parents sont affectées, ou substitut affectif qui remplace un parent absent (pris par le travail ou divorcé ou décédé).
A cet âge, certains jeunes s’identifiant à l’animal dans des contraintes dont ils sont eux-mêmes l’objet, rechignent à la rigueur des règles de vie que leurs parents prudents, imposent à la maison avec le molosse. Le risque serait qu’un chien à fort tempérament n’en profite pour récupérer de la dominance et veuille ensuite exercer son contrôle sur l’enfant.
D’autres jeunes, à l’inverse, s’apercevant que ce gros chien qui fait si peur aux autres leur obéit sur ordre, se mettent à devenir presque tyranniques avec lui.
Ces attitudes excessives doivent être modérées par les parents qui ont à faire respecter l’ordre juste, au sein de la petite famille/meute.
On peut aider le jeune à vraiment comprendre le pourquoi du respect d’une éducation sérieuse, en l’initiant à l’obéissance de son molosse, de manière ludique, par la pratique de l’agility par exemple.

A l’adolescent
A cet âge il peut commencer à prendre un peu en main la responsabilité de l’animal. Ce moment de passage de l’enfance à l’âge adulte est marqué par des signaux hormonaux que le molosse repère le premier. Comme pour un chiot arrivant à la puberté, il permettra à l’ado moins de privautés avec lui, qui devient alors comme un rival par rapport auquel le molosse va devoir se resituer.
C’est une fois de plus, comme à tous les âges de l’enfance, le maintien de la rigueur des règles de vie à la maison qui feront passer ce cap de changement relationnel familial
Le molosse de la famille n’est pas celui que l’enfant pourra rencontrer dans la rue, restera donc à l’initier à l’approche d’un chien inconnu.

Danièle Mirat avec la collaboration de Françoise Gaudron comportementaliste
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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