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La balade : plaisir ou cauchemar ?

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souris65
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La balade : plaisir ou cauchemar ?

Message par souris65 »

Texte publié dans le magazine "Santé Pratique Animaux" n°3 de Mai 2003:
"En balade avec son chien: plaisir ou cauchemar?"

Un des plus grands bonheurs des chiens est de partir en balade.

Qu’ils soient petits ou grands, c’est pour tous la même joie de la découverte des 1000 odeurs qui jalonnent une promenade, des 1000 « messages » que des congénères ont laissés sur leur passage.

Pour sa santé et son bon équilibre un chien a besoin d’être sorti au moins 3 fois par jour s’il vit en appartement, et une fois par jour, même s’il dispose d’un jardin. Certaines races de chiens exigent des sorties sinon plus nombreuses, en tout cas plus longues et au rythme plus rapide, pour une dépense d’énergie plus grande.

Partir en promenade avec son chien, peut être un moment très plaisant pour beaucoup de maîtres, mais un moment parfois difficile voire redouté par certaines personnes, incapables de contrôler leur animal à l’extérieur.


Qu’est-ce qui fait que le bonheur des uns (la majorité dans l’ensemble) peut presque faire le cauchemar des autres?

Les sorties avec un chien qui ne sont pas une partie de plaisir, sont dues la plupart du temps à une mauvaise éducation ou même absence d’éducation des chiens par leurs maîtres.

« Notre chien tire tellement en laisse ! Ma femme ne peut même plus le tenir ». Ou bien « nous ne pouvons jamais lâcher notre chien, pas même à la campagne ou en forêt, car il ne revient pas à notre appel, court après les joggers et les cyclistes et se précipite pour aller vers tous les autres chiens ! ».

Leurs maîtres ont-ils su apprendre à ces chiens à marcher en laisse calmement, à revenir au rappel et à leur rester attentif quand se promènent les autres ? Tous ces apprentissages nécessitent parfois de faire appel à un professionnel (éducateur canin) pour connaître les bons gestes, et les maladresses à ne pas commettre pour obtenir le bon contrôle de son animal en extérieur.

Tout doit et peut s’apprendre, même de sortir en promenade avec son chien ! Et l’aide de professionnels compétents n’est jamais perte de temps et d’argent pour les personnes inexpérimentées, ni même pour les plus averties avec un chien au plus fort tempérament.

Attention cependant à ne pas mettre la charrue avant les bœufs, c’est à dire vouloir faire ce travail avec un chien sur lequel on a un fort mauvais contrôle à la maison.

Les meilleurs résultats d’obéissance en séances d’éducation canine, seront obtenus si le chien est préalablement bien subordonné à ses maîtres, c’est à dire correctement positionné relationnellement au sein de sa famille.

Comment prétendre en effet vouloir contrôler de loin et faire revenir au rappel à l’extérieur, un chien qui n’en fait qu’à sa tête à la maison ?!!..

Autres causes (plus difficiles à rattraper) et rendant les promenades désagréables, sont celles liées à une mauvaise socialisation du chiot pendant son très jeune âge, chez l’éleveur et ses maîtres ensuite.

« Nous ne pouvons sortir Tyson que tôt le matin ou tard le soir, car il est très agressif avec les autres chiens ! » ou bien « personne ne peut nous approcher en promenade, car Saxo grogne sur tout le monde et menace de se jeter sur les enfants qui veulent le caresser ! » ou bien «Rambo adore sortir en forêt mais le trajet en voiture avec lui est un calvaire ! Tellement il stress, s’énerve et gémit ! » Ce qui devait être détente et distraction pour les maîtres et leur compagnon n’est malheureusement pas le cas.



Une bonne socialisation du chiot

Ces chiens ont-ils été bien « préparés » à la vie sociale normale d’un chien ?

Pendant leurs 8 premières semaines de vie, l’éleveur doit offrir aux chiots l’environnement le plus stimulant possible. Durant ce temps, le cerveau du jeune animal poursuit son développement et s’enrichit, pour donner aux chiots de plus grandes facultés d’adaptation aux choses et situations nouvelles qu’ils rencontreront plus tard.

Ensuite charge aux propriétaires du chiot de lui faire vivre rapidement les expériences multiples de la vie future d’un chien.

Sorties dans la rue (sans choisir les plus bruyantes les premiers jours !) promenades courtes en voiture, balades en forêt. Et cela dès leur 8ème semaine (âge minimum légal de vente) avant même les derniers vaccins, pour le familiariser progressivement avec le tohu-bohu de la vie urbaine, l’habituer à rencontrer des congénères et des humains petits et grands à pied, à vélo ou en rollers...


Pendant la période de forte attraction sociale de leurs 12 premières semaines, les chiots qui sortent peu et ne font pas ces multiples expériences sociales à l’extérieur, seront moins confiants et hardis dans leurs promenades futures.

Mais attention à ce que toutes ces expériences multiples soient le plus positives possibles quand on veut y familiariser un chiot.



Le premier déplacement en voiture doit être fait dans le calme sans le chahut des enfants qui ballottent le chiot par exemple ! Si le petit animal vomit ou a la diarrhée : inutile de s’en formaliser, cela ne ferait que renforcer son stress. Une attitude neutre et banalisant l’évènement est préférable, pour que le chiot n’associe pas plus tard -> balade en voiture = malaise assuré.

Les premières sorties en ville sont préférables dans des rues où la circulation automobile n’est pas trop intense et sur des trottoirs larges et propres. Une immersion trop brutale dans les bruits et l’agitation d’un centre ville bondé ne ferait que rendre le chiot craintif et rétif ensuite, à vous accompagner tranquillement pour faire une course.

Les premières rencontres avec des congénères sont préférables en promenade hors de la ville, dans un environnement calme et propice aux jeux.

Plus les contacts avec des chiens de races diverses adultes ou non se déroulent de manière ludique, et plus le chiot sera ensuite sociable avec ses congénères en promenade. Dans les rencontres avec ses congénères adultes, un chiot n’a rien à craindre d’eux car un adulte n’agresse pas un « petit », une bonne raison donc pour l’en faire profiter. A l’adolescence, les relations changent avec les autres chiens, et les mâles de certaines races ne sont notamment pas très souples avec les autres mâles. C’est justement par une socialisation précoce que l’on peut atténuer cela.



Malgré tout ce soin apporté à la bonne socialisation de son chien:

Les balades avec lui peuvent encore être incertaines, car des maîtres moins avertis se promènent souvent avec des compagnons moins confiants et sociables que le vôtre. La vigilance est donc de rigueur pour repérer maître et chien mal assurés ensemble, qui font que l’animal est craintif et agressif défensivement. Mieux vaut rappeler son chien, prendre un peu de distance et ne pas provoquer un rapprochement conflictuel.

Il est à retenir que les meilleures rencontres entre chiens se font quand ils sont tous lâchés, c’est à dire qu’ils peuvent librement se flairer et prendre connaissance l’un de l’autre sans entrave. Joueront-ils ensemble, passeront-ils chacun leur chemin.. en tout cas leur approche est naturelle. En ville nous devons tenir nos compagnons en laisse, et leurs rencontres ne sont pas aisées. Sans possibilité de fuir ou même de se défendre d’un congénère qui se montrerait belliqueux, tendus au bout d’une laisse qui souvent communique les propres craintes de leurs maîtres, beaucoup de chiens sont loin d’être en mesure d’aborder paisiblement un congénère.

Une fois encore, c’est en les y familiarisant très tôt que seront estompées ces difficultés.

Quelques clés pour initier et entretenir un bon rappel

Pour bien conditionner son chien à un bon rappel, ce rappel doit être attractif (c'est-à-dire donner au chien l’envie de venir) et complet (c'est-à-dire poussé jusqu’au retour du chien près de son maître)

Commencer à organiser ce conditionnement d’abord en intérieur à la maison, puis progressivement dehors en situation de faible stimulation environnementale (jardin ou lieu de nature tranquille, vue dégagée, peu de fréquentation générale)

Puis plus tard (quand le chien revient bien) poursuivre l’apprentissage en situation de plus forte stimulation du chien (lieux plus fréquentés d’humains et de congénères)


Pour optimiser l’apprentissage (ou reprendre à zéro avec un chien qui ne revient plus ou pas)


Donner l’ordre clair et précis : « Nom du chien... viens ! » sur le ton de l’invitation enjouée, accompagné des gestes d’invitation eux aussi, c'est-à-dire taper par exemple sur une cuisse ou les deux, se pencher un peu en avant, voir presque accroupi si l’on peut/veut (et l’on se redresse quand vient le chien)

Encourager le chien qui se détourne de ce qu’il faisait et qui se met à revenir, en renouvelant son nom avec des « ouiiiii, viens, viens, viens » toujours sur un ton enjoué, pour maintenir ainsi et renforcer son mouvement de retour

Gratifier très très joyeusement son chien qui est venu près de soi (avec « Nom du chien et ouiii c’est bien » + des caresses + une petite friandise, donnée de préférence sur la demande : « assis »



Pour organiser et maintenir un bon rappel fiable :


Au retour du chien, gratifier d’une voix joyeuse + des caresses doit être systématique, et cela toute la vie du chien sans jamais oublier ces 2 formes de récompense, même et surtout si le chien a mis longtemps à revenir.

La gratification sous forme de friandise doit, au début de l’apprentissage, être donnée à chaque retour du chien près du maître (de préférence après l’ordre « assis ») puis plus tard une fois sur 3 ou 4 retours, puis encore plus tard une fois sur 2.

Parfois la friandise peut être « oubliée » (soit que l’on en manque, soit que le lieu et/ou la proximité d’autres chiens ne s’y prête pas, ce qui pourrait déclencher bagarre par convoitise)

Autre élément de renforcement, après un rappel et le retour du chien, il est bon de renvoyer l’animal jouer ou flairer son environnement un court instant (et cela plusieurs fois si possible) pour qu’il n’associe pas obligatoirement « Nom du chien... viens ! » avec le fait d’être automatiquement rattaché pour rentrer.


Le rappel devient un peu autre chose que la fin de la liberté ou du jeu, s’il est régulièrement suivi de retours possibles au jeu et à la liberté.


A ne pas faire si le retour du chien n’est pas rapide :

Abandonner l’ordre, en pensant qu’il ne viendra pas

Hurler l’ordre

Montrer des signes d’impatience

Courir chercher le chien s’il fait la sourde oreille

Courir après le chien s’il se sauve

Etre prêt à se saisir du chien qui s’approche (mais qui ne vient pas tout près) pour le capturer traitreusement (il ne risque pas de s’approcher plus près la prochaine fois !)


A faire de préférence pour remédier :

Poser sa laisse à terre

Ramasser un objet... s’y intéresser... voire, gratter la terre, faire mine de fureter dans les feuilles ou un buisson... et soudain appeler son chien et l’accueillir joyeusement dès qu’il vient (comme détaillé plus haut)

Ne jamais hésiter à utiliser comme « appâts » (et récompenses), des friandises d’un très grand pouvoir attractif : type petits morceaux de gruyère... pour arracher le chien à une de ses activités hautement captivantes pour lui, du type jeu avec congénère ou flairage de gibier ou femelle en chaleur (pour les mâles)

Il faut entretenir et maintenir le protocole du bon rappel toute la vie du chien, sans jamais appeler son chien autrement que pour un retour effectif près de soi (sinon c’est maladroitement lui apprendre que les demandes du maître peuvent être ignorées).


Avoir un rappel fiable sur son chien, c’est peut-être un jour lui sauver la vie


Danièle Mirat
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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