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L'aboiement : j'aboie, oui mais pourquoi !!! (1/2)

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souris65
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L'aboiement : j'aboie, oui mais pourquoi !!! (1/2)

Message par souris65 »

Texte publié dans la revue Atout chien n° 249 de novembre 2006

J’aboie... A l’aide ! J’me sens perdu quand je suis seul... "

Les aboiements d’un chien laissé seul à la maison sont une nuisance pour la famille elle-même et son voisinage. Pas toujours bien compris comme vivant une réelle détresse, l’aboyeur vocalise son désarroi face à une solitude qu’il ne sait pas gérer émotionnellement. Des malpropretés ou des destructions (autres formes d’expressions de la même détresse) pouvant parfois s’ajouter aux vocalises.

Pourquoi certains chiens aboient-ils quand ils sont seuls et les autres pas ?
Les « racines du mal » sont souvent dans le jeune âge de l’animal, et les conditions que l’on a pu lui offrir ou pas, de découvrir assez tôt qu’il pouvait survivre décollé de ses êtres d’attachement.
Un chiot propulsé dans l’univers de la famille qui l’accueille, est un petit être qui vient de perdre les seuls repères de vie sur lesquels il s’était construit en quelques semaines : sa mère, sa fratrie, ses éleveurs (dans les bonnes conditions d’élevage !)
Après le stress d’un voyage en voiture et la découverte de la « nouvelle planète » où il débarque, le chiot n’a d’autre choix que reporter sur son nouveau groupe, l’attachement qu’il avait pour l’ancien.

Et le voilà qui colle aux talons de ses nouveaux maîtres, ravis eux-mêmes de susciter un si bel attachement !
C’est ce vif désir mutuel d’échanges et de contacts, que l’on devra vite gérer adroitement, pour initier le chiot (avide autant que nous de présence) à un peu de solitude. Cela passe d’abord par faire naître sa confiance, et sur cette base d’assise, on pourra orienter le chiot vers un apprentissage du « vide effrayant » de l’absence de ses nouveaux êtres d’attachement.

Les premières nuits d'un chiot sont à bien gérer
Ce sont les premières nuits qui sont très difficiles pour le chiot, qui généralement vocalise sa détresse s’il est isolé sans aucune transition. Pleurs et aboiements auxquels on finit par céder, parce qu’insupportables la nuit aussi bien pour le voisinage que pour soi-même. Or, céder aux vocalises du chiot, lui apprend maladroitement qu’il faut aboyer pour obtenir !
Pour ne pas se trouver dans ce ficelage, il est préférable d’anticiper sur cette détresse vocale, en gardant le chiot près de soi la nuit dans son panier, et c’est en journée que l’on choisira de l’initier progressivement à être un peu seul dans une pièce, quand on est dans une autre.

Bref : pour ne pas précipiter un chiot dans un désarroi bien légitime, ne le laissons pas seul dès le lundi matin, quand on est allé le chercher à son élevage le samedi ! Organisons méthodiquement notre avenir avec lui pour une commune tranquillité.

1er temps : Initier la confiance
Le désarroi d’un très jeune chiot de 2 mois est très atténué, s’il reste dormir les premières nuits dans la chambre de ses maîtres (dans son panier et non dans le lit). Le fait de n'être pas isolé le rassure, il peut dormir (et ses maîtres aussi !) Pas de déambulations anxieuses en semant ses déjections partout, pas de pleurs ou hurlements...
Cette situation doit être provisoire, et il faudra savoir instaurer une distance en éloignant le panier jusque dans une autre pièce, pour assurer le futur bon équilibre du petit animal.
Un chiot acquis à 3 mois ou plus (et moins fragile émotionnellement qu’à 2 mois) peut ne rester que quelques jours dans la chambre, le temps d’évacuer le stress de son arrivée en terrain inconnu, et de tisser un nouveau lien d’attachement.

2è temps : Initier à l’absence
Parallèlement, lorsqu’on est présent en journée à la maison, on peut vaquer à quelques courtes occupations dans une pièce en maintenant le chiot dans une autre, afin de l’exercer à la solitude. Le temps de prendre une douche, aller aux toilettes ou passer un coup de fil, on peut ignorer complètement les éventuels pleurs ou aboiements (à ces heures ils sont supportables par le voisinage). Seulement quand le chiot est calmé, on réapparaît sans en faire un événement, donc sans lui prêter attention. Petit à petit on allonge le temps passé dans les autres pièces, puis plus tard on peut même sortir pour de petites courses. Le chiot se familiarise ainsi progressivement au banal de ces calmes allées et venues, et constate que les absences sont toujours suivies de retours (surtout sans spéciales effusions de joie !)
Quand il sait un peu rester seul sans stress en journée, c’est le moment de l’éloigner la nuit en mettant son panier hors de la chambre, et s’il y a quelques aboiements il faudra les ignorer absolument.
Pas de « chut » ni de « ça suffit ! » à ce stade, il doit avoir déjà observé qu’il ne lui sera pas répondu et il se calmera vite.
Dans le quotidien de la relation, en s’abstenant de répondre aux diverses sollicitations de caresses ou de jeux du chiot, mais en étant soi-même à l’initiative de tout échange et sans abuser des contacts avec lui, on évite qu’il soit d’autant plus en manque quand on s’absentera.
L’objectif d’avoir un chiot (et plus tard un chien) paisible quand il est seul, passe par ne pas être constamment en interaction et « collage » avec lui quand on est présent, ce qui est souvent l’inverse de ce que pratiquent les maîtres qui s’éloignent de nombreuses heures pour leur travail ! Un animal nourri de constantes interactions en notre présence, est d’autant plus soumis au vide immense et brutal produit par notre absence !

A retenir

Surtout, ne jamais sanctionner un chiot qui gémit ou aboie comme il est encore souvent conseillé, par exemple en le « secouant tenu par la peau du cou, soi-disant comme sa mère » ! Un chien ne fait cela que pour tuer une proie ! Ce serait donc bien plus que l’agresser sévèrement.
J’en profite pour souligner que toute brutalité sur un chiot et plus tard sur un chien, est une bien piètre et méprisable technique d’apprentissage ! A part faire passer sa colère sur lui, on ne lui apprend pas un autre comportement que celui pour lequel on le rudoie. J’ajoute qu’il ne faut pas hésiter à considérer comme nuisibles, les personnes qui avancent de tels conseils !

A méditer également sur l’usage de collier anti aboiement...
outil qui se révèle bien abusif sur un chien en train d’exprimer une détresse !


Texte publié dans le magazine Atout Chien n° 247 de Septembre 2006

«J'aboie... donc, je suis!»

Il est commun d’entendre dire qu’un chien qui aboie est un bon gardien...
C’est parfois vrai, mais parfois faux aussi. Cette affirmation vaut bien que l’on s’y attarde, car de l’utile au nuisible, les aboiements d’un chien ont tôt fait de devenir un comportement problématique pour ses maîtres et son entourage.
En plus de ses moyens de communications gestuelles (et donc silencieuses) le chien dispose de moyens sonores pour exprimer ses émotions et ses intentions. Large gamme d’expressions vocales allant du gémissement au grognement, en passant par l’aboiement et le hurlement, le tout en diverses modulations.
L’animal qui n’aboie pas de façon intempestive au moindre bruit ou passage et qui se tempère vite, jouit d’un bon équilibre émotionnel et peut représenter le type même du bon gardien.
A l’opposé celui qui aboie au moindre bruit ou « pour un rien » (de l’avis des maîtres et de l’entourage, mais pas du chien !) et que l’on a bien du mal à faire taire, affiche une inquiétude manifeste que ses propriétaires ne sont pas parvenus à apaiser et contrôler.

Dissuader l’intrus et prévenir d’une arrivée
Utile est l’aboiement par lequel le chien prévient et attire l’attention sur ce qui survient. Cette sorte de « qui va là !? » est une communication sociale destinée au groupe familial comme à l’individu qui passe ou surgit, et c’est ce qui peut faire apprécier le chien comme gardien.
Ce mode de communication est normal et essentiel pour le chien, sachant que c’est l’Homme en le domestiquant qui a surdéveloppé et exploité cette disposition à l’aboiement. Un canidé sauvage usant bien peu de ce moyen de communication très sonore, pour n’être pas repéré de ses proies (!) ou d’un possible autre prédateur.
Mais un chien n’aboie pas que pour prévenir et peut vocaliser bruyamment dans bien des circonstances, ni spécialement opportunes, ni facilement contrôlables (et qui ne sont pas l’objet de cet article, mais d'un autre: ceux de la détresse de solitude).
Résultat : entre aboiements appréciés par les uns et aboiements nuisance pour les autres, la loi doit parfois trancher pour faire respecter la légitime tranquillité de tous.
Pour ne pas en arriver là et cohabiter avec un chien qui aboie seulement à bon escient, la tâche est ardue pour le chien comme pour ses maîtres.
Cela doit s’organiser de préférence dès le plus jeune âge de l’animal, ou se réorganiser avec un comportementaliste, si l’aboyeur est trop « bavard », et dérange ses propriétaires et/ou le voisinage.

Dès l’élevage
Les chiots en contact avec des congénères adultes agités et aboyeurs sont en quelque sorte « préparés » à être agités et aboyeurs aussi par imitation.
Aller visiter les élevages prend ici tout son sens, pour plutôt faire l’acquisition d’un chiot équilibré chez un éleveur où règne une meilleure ambiance.
Charge ensuite à l’acquéreur de ne pas induire ou/et encourager le comportement d’aboiement de son chiot, car c’est au long des premières expériences de vie avec sa famille qu’il apprend à vocaliser en fonction de son environnement.

Dès l’acquisition
Tempérer tout de suite les premiers aboiements du chiot dès qu’on sonne à la porte ou que le téléphone retentit, se fait principalement en restant soi-même très calme (sans crier pour faire taire le chiot, en courant pour ouvrir ou répondre par exemple !)
Les maîtres agités et bruyants ont souvent des aboyeurs.
Dès que le jeune animal passe de l’agitation à l’excitation, rompre l’interaction (en se détournant ou en s’isolant) sont les plus forts moyens de le voir se calmer rapidement, sans nourrir maladroitement son énervement (qui pourrait s’accompagner d’aboiements) avec des ordres lancés en tous sens.
Ou encore, proposer au chiot de venir vers soi pour une friandise ou un jouet, est dans certaines circonstances un bon moyen de le détourner rapidement de ses velléités d’aboyer.
Autant de manières de réagir et gérer ces diverses circonstances, qui conduiront progressivement le jeune animal à savoir mieux se contrôler lui-même dans le quotidien de son environnement familial.
Ne pas induire ou encourager maladroitement les aboiements du chiot n’a pas toujours été facile, et l’on peut se voir aujourd’hui débordé.
Exemple: au passage d’un congénère derrière la clôture du jardin, ou à l’arrivée d’une personne étrangère derrière le portail ou la porte de l’appartement, l’habitude était plutôt de réagir en donnant soi-même de la voix sur les aboiements du chien (à coups de « silence ! » et de « tais-toi ! » de en sonores, ce qui n’a pas conduit à l’apaisement de l’animal que le maître accompagnait maladroitement dans ce concert à deux.

Les possibles solutions sont aussi nombreuses que les cas de figure :
Installer des pare-vue le long de clôtures suffit parfois à diminuer considérablement les aboiements d’un chien moins stimulé au niveau visuel.
Limiter ou barrer (si possible) l’accès à la porte d’entrée de l’appartement derrière laquelle les résidents de l’immeuble vont et viennent parfois bruyamment, soulage le chien un peu moins « en direct » avec ce qui l’inquiète.
Ou bien, sans hurler sur son chien, prendre plutôt l’habitude de lui montrer que l’on tient compte de son signal, en se dirigeant un peu vers lui et le lieu de son inquiétude. C’est une façon de lui indiquer que l’on se charge du problème, tout en l’invitant à revenir près de soi pour l’éloigner de la clôture ou de la porte, et le rediriger vers l’intérieur de la maison. Cela permet (certes, à moyen/long terme) de limiter les aboiements du chien dans ce type de circonstances, et progressivement : moins besoin de se déplacer, ne reste plus qu’à rappeler vers soi.
Prendre soin de ne pas laisser le chien aboyeur présider à l’accueil des visiteurs en l’isolant d’abord dans une pièce, permet d’organiser une entrée plus calme (à la condition préalable d’avoir habitué l’animal à passer des petits moments de solitude dans cette même pièce, sans aboyer !)
Quant au collier anti-aboiement il ne devrait être utilisé que dans les cas les plus extrêmes, et avec l’aide du comportementaliste (dans le seul but que cet outil puisse être éducatif et pas seulement punitif)

Et ne pas oublier!
Inutile de hurler pour que le chien obéisse (!)... il entend très bien.
Son ouïe est bien plus performante que la nôtre. Il entend plus vite, plus de choses et avec une plus grande faculté de discerner un son au milieu d’autres.
C’est cette grande sensibilité auditive qui le fait réagir douloureusement plus tôt que nous, face à des bruits de sirènes ou de tonnerre par exemple.

Danièle MIRAT
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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