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Les bases du syndrome HyperSensibilité-HyperActivité

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souris65
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Les bases du syndrome HyperSensibilité-HyperActivité

Message par souris65 »

Le syndrome Hypersensibilité - Hyperactivité (Hs-Ha) a été codifié par Patrick Pageat en 1995.
Il décrit de façon rigoureuse un tableau clinique que l’on voit quotidiennement, celui de chiens nerveux, hyperactifs, hyper vigilants, des chiens « tornades », et qui entraînent pour leur environnement physique et social des nuisances considérables.
Un trouble comparable est décrit en psychiatrie humaine sous le nom de Trouble d'Hyperactivité avec Déficit de l’Attention.

Diagnostic (repris de l’ouvrage de P. Pageat) :

1/ Absence de contrôle de la morsure chez un chien âgé de plus de 2 mois,
2/ Incapacité à arrêter une séquence après la phase consommatoire ; au contraire, réapparition d’une phase appétitive,
3/ Hyper vigilance associée à la production d’une séquence comportementale en présence de stimuli continuellement présents dans l’environnement de l’animal,
4/ Absence de satiété alimentaire,
5/ Diminution globale du temps de sommeil (<8h/24h), sans altération des cycles, ni anxiété hypnagogique.
Il y a deux stades d’évolution ; le premier stade regroupe les symptômes 1 à 3, le deuxième stade est caractérisé par les symptômes 1 à 5.

Les maîtres décrivent un chien très actif, qui réagit à la moindre stimulation et est particulièrement excitable. Il est difficile à contrôler et à éduquer.
En effet, le chien est diverti pour un rien. Il a donc du mal à se concentrer sur un exercice qui peut juste consister à rester assis sans bouger.
Par ailleurs, il se montre souvent obsessionnel, ce qui centralise une grande partie de son attention. Certains sont obsédés par la nourriture et/ou par le jeu (ils jouent des heures durant sans s’arrêter, sollicitent tout le temps leur maître ou leurs congénères, volent des objets pour qu’on leur court après…).

Origine du syndrome Hs-Ha : une insuffisance de maternage

Le syndrome Hs-Ha trouve son origine dans une insuffisance de maternage pendant les 8 premières semaines de la vie du chiot.
L’insuffisance de maternage peut être la conséquence de plusieurs phénomènes, comme la séparation des chiots de la mère avant 8 semaines (de nombreux éleveurs séparent les chiots de la mère à la fin de la période d’allaitement, c’est-à-dire vers 5 semaines). Certes les chiots n’ont plus besoin d’alimentation lactée, mais ils ont besoin d’éducation qui leur apprend notamment à se contrôler, ce qui est indispensable pour une bonne socialisation.
L’origine peut aussi résider dans l’incompétence de la mère durant le 2ème mois : si elle est peu attachée à ses chiots (préfère dormir avec ses maîtres plutôt qu’auprès de ses chiots), trop tolérante à leurs mordillements, trop jeune et infantile ne cherchant qu’à jouer, trop agressive ou au contraire trop âgée et fatiguée…
Une portée trop nombreuse (supérieure à 8 chiots pour une chienne de taille moyenne) ou trop peu nombreuse (chiot unique) risque d’altérer la qualité du maternage.
Une vulnérabilité génétique est probablement en cause mais, contrairement à ce qui a été dit pendant plusieurs années, une étude récente a montré qu’il ne semble pas y avoir de prédisposition raciale, ni de prédisposition de sexe.
Elle montre, en revanche, que les chiens Hs-Ha proviennent significativement plus d’animaleries, de marchés et d’élevages intensifs.

Pronostic : l’apparition de l’anxiété complique l’étude clinique

En général, les chiens Hs-Ha ne se calment pas spontanément avec le temps.
Le trouble peut évoluer selon différentes voies. Ces chiens deviennent anxieux, l’agressivité augmente (agression par irritation et par peur, caractéristiques de l’anxiété intermittente) ainsi que l’hyper vigilance.
Souvent, s’installe un hyper attachement qui est secondaire à l’anxiété, ce qui génère des nuisances quand le chien reste seul (destruction, malpropreté, vocalises).
Un chien hyperactif, surtout s’il est de grande taille (puissance physique) ou s’il aboie beaucoup (épuisant pour ses maîtres), est un bon candidat pour la sociopathie : les maîtres souvent par épuisement cèdent des prérogatives de dominance à leur chien impulsif et obstiné.
Un chien hyperactif dominant est un tyran. Il devient donc dangereux, d’autant plus qu’il est de grande taille. Si le chien est de grande taille et qu’il vit avec des enfants en bas âge, le placement du chien doit être envisagé. La castration n’apporte souvent pas une amélioration suffisante mais il est probable qu’elle atténue les risques de sociopathie et d’agressivité.

Thérapie comportementale : apprendre à l’animal à mieux se contrôler

Elle vise à apprendre au chien à mieux se contrôler, à lui proposer un cadre hiérarchique cohérent et à limiter les conflits générateurs d’agressivité et d’anxiété.
• Thérapie par le jeu contrôlé : solliciter le chien pour jouer, stopper le jeu dès les premiers signes d’excitation (mordillement, grognement).
• Initiative des contacts : quand le chien sollicite un contact, on le fait attendre (apprentissage des autocontrôles malgré une motivation) et on reprend l’initiative (prise d’initiative par le maître pour pallier l’évolution d’une sociopathie).
• Agir par petites touches et doucement : pour le faire obéir (« assis » par exemple), éviter de crier et d’être brusque, préférer chuchoter, faire peu de gestes, être patient et obstiné. Lui laisser le temps de répondre, ne pas le presser. Dès qu’il obéit, s’assoit par exemple, le récompenser par une caresse calme ou une friandise.
• Éviter au maximum les contraintes et les conflits : l’objectif est de motiver le chien à effectuer un acte ou à arrêter une action plutôt que de le contraindre. En effet, la contrainte risque de provoquer une agression par irritation, donc un conflit.
Il vaut mieux chercher à établir des liens de complicité et de connivence : ce sera plus apaisant et plus structurant pour le chien.

Cet article n’est qu’une présentation du syndrome, nous n’évoquerons pas la partie clinique qui concerne l’usage de psychotropes.

Ouvrage et liens conseillés :
Pageat P. Pathologie du comportement du chien. Éditions du Point Vétérinaire.
http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=802
www2.vet-lyon.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2005lyon005.pdf 
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
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