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L'aboiement : j'aboie, oui mais pourquoi !!! (2/2)

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souris65
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L'aboiement : j'aboie, oui mais pourquoi !!! (2/2)

Message par souris65 »

Texte publié dans le magazine Atout chien n° 239 de Janvier 2006

Les chiens aboient et la caravane passe...

Ce proverbe sous-entend : qui est sûr de sa voie ne s'en laisse pas détourner par la désapprobation la plus bruyante.

Avec ses aboiements le chien prévient, attire l’attention sur ce qui survient, et c’est ce qui en fait un gardien apprécié de beaucoup d’entre nous (et ce depuis la nuit des temps). En aboyant, il lance une sorte de « qui va là !? » communication sociale destinée aussi bien au groupe familial, qu’à celui qui passe ou surgit.
Outre donner de la voix, le chien sait envoyer d’autres messages aux membres de sa famille... messages qui ne sont malheureusement pas souvent considérés comme tels.

Exemple : les marquages d’urine ou de selles moulées du chien dans la maison qui sont interprétés comme de simples malpropretés... ses chevauchements comme des obsessions... ses grognements comme des mauvaises humeurs ou des ingratitudes... sa gamelle jamais complètement vidée comme un aspect de son « petit appétit »... Toutes ces analyses à courte vue sont loin de la réalité canine !
Demeuré incompris dans ses messages adressés à la famille, le chien ne reçoit évidemment pas les réponses attendues. Et c’est l’escalade avec aggravation des comportements indésirables du chien, doublés de conduites réactives de plus en plus désordonnées... agitations, craintes et anxiétés, activités autocentrées, destructions, agressivités, aboiements (ceux-là n’ayant rien à voir avec les « qui va là »)
C’est ainsi que par tous ces comportements, les chiens « aboient » leur mal-être dans la relation avec leurs maîtres, et la caravane des humains sourds à leurs doléances, passe sans en tenir compte !
Il n’est pourtant plus digne de nous, de négliger les besoins éthologiques* du chien embarqué dans la dépendance où le plonge notre désir d’étroite cohabitation avec lui. Car si jusqu’à nos jours la réalité de la vie animale était à peu près ignorée, cela n’est plus le cas grâce aux études et observations menées en éthologie**, depuis quelques décennies déjà.

Doléances de chien !
Pour un chien, la toute première difficulté à vivre le quotidien de la cohabitation avec une famille humaine, est de ne pas y trouver de leader.
Pour son bon équilibre et sans besoin d’être « dominé » à tout prix comme il est souvent conseillé abusivement, cet animal a besoin de savoir qui décide dans son groupe. Mais attention à l’absolu de la règle pour un chien : celui qui détient le pouvoir de décision, ne déroge pas et n’échange jamais sa place pour l’inverse dans ce groupe. Si le chien peut obtenir jeux et/ou caresses, sorties, nourriture à ses demandes, il ne peut pas être question ensuite d’exiger de lui quoi que ce soit ! Voilà pourtant bien ce qui est vécu couramment par les chiens, qui pour certains ont bien du mal à gérer une telle contradiction ! C’est ainsi que secoués entre contraintes et émotions diverses et contradictoires, les chiens se déploient en comportements désordonnés de toutes sortes.

Avoir des maîtres (pour les adultes d’une famille) qui savent ignorer toute forme de sollicitations de leur animal et restent à l’initiative de toute interaction du quotidien, est des plus structurant et apaisant pour un chien. C’est par là qu’il faut commencer pour être ensuite en position par exemple, de faire se déplacer un chien qui occupe un endroit que l’on souhaite se réserver, ou pour simplement poser des interdits respectés.
Le comportementaliste peut aider certains propriétaires à prendre ou reprendre la position de leader qu’ils n’ont maladroitement pas su se ménager (sans qu’il soit question de dressage ou d’exercice d’autorité abusive) pour retrouver un chien paisible, plus à l’écoute et prêt à coopérer.


Autre difficulté: animaux sociaux et de contact, beaucoup de chiens souffrent de rester seuls trop longtemps.
Des destructions dans l’habitat (mobilier, vêtements et autre), souvent additionnées de gémissements, hurlements, salivations excessives, diarrhées ou activités de léchage, signalant la détresse dans cette solitude (certaines dégradations plutôt dirigées sur les murs, fenêtres ou portes de sortie ayant un tout autre motif)
Un chien laissé seul dans un jardin peut attaquer les plantations ou faire des trous, voire déambuler nerveusement derrière la clôture (sans jamais changer son trajet) et exprimer là un malaise rarement repéré comme tel.
Ces activités de destructions multiples ne sont pas des vengeances comme il est encore trop souvent conclu ! Rediriger ses tensions intérieures en grattages et mâchouillements divers, ne sont que des tentatives maladroites pour s’en libérer.

Une première précaution à prendre si l’on doit s’absenter journellement pour le travail : c’est très tôt de ne pas favoriser le trop fort attachement du chien. Trop de stimulations ou contacts quand on est à la maison, le laissent d’autant plus immanquablement dans le vide, quand on s’absente ! Il s’agira de trouver le bon équilibre entre trop et puis plus rien ! Et de l’initier à exercer sa mâchoire sur des jouets à ronger, qu’il aura donc toujours à disposition.
Bien sûr les promenades seront pour le chien, l’indispensable besoin et distraction à la fois, qu’il faut lui réserver plusieurs fois par jour, et même s’il dispose d’un jardin (et ne pas se dispenser de le sortir parce qu’il a un grand espace vert, car c’est douloureusement le limiter). En lui offrant d’exercer son comportement exploratoire pour découvrir avec délice les 1000 odeurs qui jalonnent la balade, on entretient sa socialisation (aussi bien à ses congénères qu’aux humains rencontrés) en ajoutant bien sûr une salutaire dépense d’énergie, qui devra être adaptée à sa race et son âge.
Notons que d’autres chiens peuvent souffrir non pas d’enfermement ou de morne environnement, mais exactement du contraire, comme par exemple de constants changements de conditions de vie, ou d’hyperstimulations comme trop d’exercice, trop de bruit, de lumière, de va-et-vient (Ex : le chien qui n’a pas une place bien à lui, pour s’extraire de turbulences enfantines et prendre un simple repos réparateur)

S’informer des besoins propres de l’espèce canine et chercher à comprendre le chien que l’on abrite chez soi... c’est l’aimer pour ce qu’il est et ne pas être de la « caravane des humains sourds... »

* Besoins propres à son espèce
** Science de l’étude du comportement des êtres vivants

Danièle Mirat
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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